Vainqueur de la compétition crossovers du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2019, Dogs Don’t Wear Pants est comme une claque en pleine figure : inattendu, violent, pour certains gênant, pour d’autres jouissif.
Juha est un chirurgien veuf qui répare les cœurs quand le sien a arrêté de battre au décès de son épouse, noyée suite à un accident tragique il y a plus de 10 ans.
Mona est une physiothérapeute qui répare les corps, et en malmène d’autres la nuit.
C’est par hasard (comme toutes les belles rencontres) que Juha va rencontrer Mona, dans un sous-sol éclairé aux néons fluos. Bienvenue dans l’univers obscur du BDSM. Obscur ? Pas tant que ça puisque Juha va y trouver la lumière au bout du tunnel, et nous avec.
L’obscurité du dehors
C’est sur cette notion de dualité que tout l’univers du film va se construire, en mêlant pratique sexuelle extrême et amour perdu, recherche d’identité et parentalité, norme et marginalité, deuil et bonheur, douleur et acceptation de soi, néons rouges et néons verts, respiration et suffocation, eau comme élément meurtrier mais également purificateur.
Ainsi, Juha veuf éploré trouvera grâce à Mona la dominatrice le moyen de revivre quelques moments hors du temps avec sa défunte épouse. Quant à Mona, Joconde au sourire si difficile a déceler, elle trouvera en Juha un chien, peut-être enfin digne de porter un pantalon.
Dogs Don’t Wear Pants est un film d’un intelligence rare, qui sur fond de pratique sexuelle jugée sale et déviante, nous fait vivre le parcours cathartique d’un veuf, littéralement noyé dans ses souvenirs, incapable de faire le deuil de son amour perdu.
Ici il n’est pas tant question de sexe, la pratique SM n’étant qu’un moyen, une porte d’entrée vers un nouvel univers qu’est la vie après le deuil. Un médium qui donnera alors la possibilité à nos deux personnages d’enfin réussir à sortir la tête de l’eau, quitte à en perdre quelques dents.
Un film qui arrive à faire rimer douleur et sensualité, violence et bienveillance comme jamais on aurait osé l’imaginer, sans jamais sombrer dans le pathos, le trash sensationnaliste à la Gaspar Noé où la dérision vulgaire.
Ici il est question de justesse, de subtilité, de beauté qui frappe et réveille.
Du cuir et des sueurs froides
Impossible de ne pas penser à la lumière et l’écriture de Vertigo d’Hitchcock, où un homme trouvera (et façonnera) en une femme l’image de son amour perdu, ou encore le sublime La Vie est Belle de Benigni, qui réussit à transformer un cauchemar innommable en une fable vécue à travers les yeux d’un enfant.
Parce-que oui, Dogs Don’t Wear Pants est une fable, qui conte notre histoire à tous : trouver son chemin dans le tumulte de la vie.
Un film qui célèbre la vie, la tolérance, la marginalité, l’acceptation, l’authenticité, sans jamais porter un regard réprobateur, sans aucune forme de jugement ou de mépris.
Non, Dogs Don’t Wear Pants se contente de nous mettre à genoux et de nous faire dire avec le plus grand plaisir « encore ».
Date de sortie en France pour le moment inconnue.
Crédit photos Allociné